Depuis août 2017, Madagascar fait face à une vaste flambée épidémique de peste qui touche de grandes villes et d’autres zones où la maladie n’est pas endémique. Cette flambée épidémique comporte un risque modéré de propagation aux îles voisines de l’Océan Indien. Ce risque est atténué par la courte période d’incubation (le délai qui s’écoule entre l’exposition et l’apparition des symptômes) de la peste pulmonaire et la mise en place d’un dépistage des passagers au départ dans l’aéroport et d’autres grands ports.
Le 10 octobre 2017, le Ministère de la santé des Seychelles a notifié à l’OMS un cas probable de peste pulmonaire. Il s’agissait d’un homme qui était rentré aux Seychelles le 6 octobre 2017 après un voyage à Madagascar. Il a présenté des symptômes respiratoires aigus le 9 octobre 2017 et s’est rendu dans un centre de santé local. Son examen médical et son voyage récent à Madagascar ont conduit à soupçonner une peste pulmonaire; l’homme a alors été immédiatement transféré à l’hôpital, où il a été isolé et traité.
Le 11 octobre 2017, un test de diagnostic rapide réalisé dans le pays à partir d’un échantillon d’expectorations a donné un résultat faiblement positif. Entre les 9 et 11 octobre 2017, huit de ses contacts ont manifesté des symptômes bénins et ont été isolés. Deux autres cas suspects, qui n’avaient pas voyagé à Madagascar et ne présentaient pas de lien épidémiologique établi avec le cas probable, ont également été identifiés, isolés et mis sous traitement.
Dix échantillons prélevés parmi les cas suspects, dont le cas probable, ont été envoyés pour analyse à l’Institut Pasteur de Paris, donnant des résultats négatifs le 17 octobre 2017.
Le 13 octobre a marqué le dernier jour de surveillance des plus de 320 contacts du cas probable, dont 41 passagers et 7 membres de l’équipage du vol emprunté par le cas probable, 12 parents proches, et 18 membres du personnel et patients du centre de santé auquel s’est présenté l’homme. Tous ont reçu une antibiothérapie prophylactique pour prévenir la maladie.
Au total, 1223 contacts ont été enregistrés et suivis, dont 833 ont reçu des antibiotiques à titre de prophylaxie. Parmi les contacts, quatre cas suspects ont été identifiés et mis sous traitement.
Suite aux résultats négatifs des tests effectués par l’Institut Pasteur de Paris, tous les contacts qui avaient été isolés, y compris le cas probable, ont été autorisés à quitter l’hôpital. L’antibiothérapie prophylactique des contacts identifiés a été arrêtée, tout comme le suivi de leur état de santé et des symptômes éventuels.
Action de santé publique
Un Comité d’urgence a été établi le 10 octobre pour coordonner les activités de surveillance, de recherche des contacts, de prise en charge des cas, d’isolement et de gestion des fournitures.
Le gouvernement a alloué des fonds pour appuyer les interventions du Comité d’urgence, ce qui a permis de mettre en place une unité d’isolement temporaire (pendant que l’unité d’isolement existante est agrandie) et d’assurer l’approvisionnement des fournitures essentielles, la recherche des contacts et l’intensification des activités de formation des agents chargés de la recherche des contacts.
Les vols d’Air Seychelles en provenance et à destination de Madagascar sont suspendus depuis le 8 octobre afin de réduire le risque d’importation ultérieure de cas provenant de Madagascar. L’OMS ne recommande aucune restriction de voyage et de commerce sur la base des informations actuellement disponibles.
Le 10 octobre 2017, le Ministère malgache de la santé, avec l’appui de l’OMS, a mis en place un dépistage des passagers au départ dans l’aéroport international d’Antananarivo pour prévenir une propagation internationale de la maladie. Un soutien supplémentaire de l’OMS et de ses partenaires est prévu pour renforcer les mesures aux points d’entrée afin d’éviter une propagation internationale.
L’OMS fournit des conseils au gouvernement seychellois sur la mise en œuvre de mesures de santé publique conformes au Règlement sanitaire international de l’OMS, comme le renforcement de la surveillance, l’isolement et le traitement des cas suspects, la recherche des contacts et le traitement prophylactique des contacts potentiels.
Évaluation des risques par l’OMS
La peste est une maladie infectieuse causée par la bactérie zoonotique Yersinia pestis, que l’on trouve habituellement chez les petits mammifères et les puces qui les parasitent. Les humains peuvent être contaminés par la piqûre de puces infectées, par contact direct avec des matières ou des animaux infectés ou par inhalation.
Il existe 3 formes de peste selon la voie d’infection: bubonique, septicémique et pulmonaire.
La forme pulmonaire est particulièrement virulente et peut être à l’origine d’épidémies sévères, la transmission interhumaine se faisant via des gouttelettes en suspension dans l’air. La période d’incubation peut durer 24 heures à peine. En général, cette forme résulte de la propagation aux poumons d’une peste bubonique à un stade avancé. Toutefois, une personne présentant une peste pulmonaire secondaire peut produire des gouttelettes infectieuses en suspension dans l’air et transmettre ainsi la peste à d’autres personnes. La peste peut être traitée; néanmoins, en l’absence de traitement, la peste pulmonaire est toujours mortelle.
La peste n’a jamais été signalée aux Seychelles et, à ce stade, aucun cas n’a été confirmé. Aucun des cas suspects ou probables notifiés jusqu’à présent n’est décédé. Le gouvernement seychellois a mis en place des mesures de précaution, notamment une surveillance renforcée, l’isolement et le traitement des cas suspects, la recherche des contacts, le traitement prophylactique des contacts potentiels et le dépistage aux principaux points d’entrée du pays. Une formation a été organisée le 17 octobre 2017, avec l’appui de l’OMS, pour former des agents de santé et des bénévoles supplémentaires à la recherche des contacts. Le risque de peste pulmonaire aux Seychelles est jugé faible. Aux niveaux régional et mondial, le risque global est très faible.
Conseils de l’OMS aux voyageurs
À ce stade, aucun cas de peste n’a été confirmé aux Seychelles et le risque de contact des voyageurs internationaux avec la peste dans ce pays est très faible. L’OMS ne préconise aucune restriction de voyage ou de commerce avec les Seychelles ou Madagascar sur la base des informations disponibles.
Le 3 octobre 2017, l’OMS a publié des conseils à l’intention des voyageurs internationaux en lien avec la flambée épidémique de peste à Madagascar, qui devraient également être suivis par les voyageurs qui se rendent aux Seychelles.
Informations pour les voyageurs internationaux
Le 11 octobre, le Ministère de la santé a annoncé plusieurs mesures contre la peste pulmonaire dans un communiqué de presse publié sur son site Web. Comme nombre de ces mesures entravent de manière importante le trafic international, le 13 octobre, le Ministère de la santé a informé l’OMS qu’il fournirait les informations scientifiques et la raison de santé publique justifiant ces mesures, au titre de l’article 43.3 du Règlement sanitaire international (RSI, 2005).
Mesures renforcées pour endiguer la peste pulmonaire - en anglais Ministère de la santé, République des Seychelles